Sur un coin de place publique, un petit carrousel s’est monté. Des notes de musique nous arrivent aux oreilles avant que l’on puisse bien apercevoir ce drôle de charivari.
Sur la piste, un petit cirque de bois exécute une farandole joyeuse. Sur une estrade, une petite femme tourne la grosse manivelle d’un orgue de barbarie. Elle semble à elle seule faire tourner le chapiteau de toile au son du magnifique instrument. Les sujets de bois, domptés par sa musique, exécutent leur tour de piste comme pour les grands soirs de gala. À côté d’elle, un clarinettiste longiligne fait danser ses longs doigts sur une clarinette noire ébène. Du bout des yeux, le duo musical embrasse la foule déjà amassée autour d’eux comme pour inviter chacun à la danse. La musique s’arrête, atténuant ainsi le charivari. La piste fourmille déjà d’enfants chevauchant otarie et lion de bois, entrant à l’intérieur d’une verdine ou servant de poids à l’homme le plus fort du monde. Prenant leurs inspirations, les deux musiciens déroulent leur musique comme un parchemin de carton, ils embarquent avec eux les joyeux passagers, heureux de tourner en rond. Les voix se délient pour embellir la vie de leur chanson déclamée et ne jamais se retourner sur nos vies passées. Savourant le moment présent, des enfants déambulent tels des funambules aveuglés par la joie d’être sur ses sujets de bois. N’allez pas croire qu’ici le temps s’arrête, au contraire il ne fait qu’accélérer pour nous permettre de continuer à tourner.
